De Ion Creanga
Conte roumain revu et modernisé
V’là l’histoire.
Y’avait une chèvre et ses trois morpions :
Deux grands sérieusement bas de plafond,
Et un plus petit qu’en avait dans le chignon.
Après tout, comme dit le dicton :
« Chaque doigt d’une main est différent ».
Pour le coup, très crétins étaient les deux plus grands !
Un jour, la bique rassembla sa marmaille :
— Je vais dans la forêt chercher de la graille.
Z’avez intérêt à fermer la lourde derrière moi
Et à ne l’ouvrir que lorsque vous entendrez ma voix.
Quand tout à l’heure je reviendrai,
En mode sésame ouvre-toi je vous balancerai :
« Magnez-vous le derche d’ouvrir à votre reum !
Je vous apporte un tas de trucs à bouffer :
Du foin, du Coca, des M&M’s et du pâté ».
Z’avez pigé, bande de streums ?
— Ça roule, lui répondirent en chœur ses moujingues.
— T’en fais pas, ajoutèrent même les deux plus louftingues.
On n’est plus des poupards !
— Bon, ben, ciao alors ! J’me barre !
Et la pressée dabesse d’aller faire son shopping,
Tandis que presto ses cabris verrouillèrent la porte
Et se mirent à mater des séries en streaming,
Vautrés peinards dans le canap’, en mode cloporte.
Mais les murs ont des oreilles,
Et pas seulement dans les hachloums de Créteil !
Un loup, qui voulait boulotter ces trois chiures,
Et attendait le bon moment depuis lulure,
Avait justement collé ses esgourdes contre le mur
Et entendu ce que la chèvre avait jacté plus tôt à sa progéniture.
« Michto ! se dit-il in petto. V’là mon heure !
Si j’arrive à les faire délourder et à entrer dans leur bunker,
À moi la viande fraîche ! »
Sitôt dit, il écrasa sa sèche
Et fredonna de sa voix de vieux keum :
« Magnez-vous le derche d’ouvrir à votre reum !
Je vous apporte un tas de trucs à bouffer :
Du foin, du Coca, des M&M’s et du pâté ».
Grouillez-vous, mes chéris !
— Z’avez entendu, les mecs ! s’exclama le plus grand.
C’est maman qui revient ! Ouvrons-lui !
— Azy, sale rataï ! T’es vraiment un pur gland !
Le clasha au flop son petit frangin.
Si on ouvre, on va finir en massepain !
C’est pas la voix de notre mère,
On dirait plutôt celle d’une poissonnière !
Ce qu’oyant, le loup vexé alla direct se tailler
La langue et le dentier,
Histoire de bien aiguiser son sifflet,
Puis de retour, de fredonner d’une voix de fausset
(Entre nous, le teigneux commençait à avoir sacrément le seum !) :
« Magnez-vous le derche d’ouvrir à votre reum !
Je vous apporte un tas de trucs à bouffer :
Du foin, du Coca, des M&M’s et du pâté ».
— Vous entendez ! s’exclama derechef le grand dadais.
Chuis sûr qu’cette fois c’est notre mère !
Le plus jeune devint pour lors super vénère :
— T’es vraiment un gros niais !
— Ah ouais ! Et toi, tu te prends pour qui ?
Arrête de me les briser avec tes chichis !
Je vais ouvrir la porte à notre daronne
Parce que moi, j’en ai d’la testostérone !
Dare-dare le plus jeune s’embusqua dans la cheminée
Tandis que le deuxième se fourra sous le meuble télé,
Parce que bon, prudence est mère de sûreté !
Pendant ce temps, de son côté,
Leur aîné ouvrit l’huis et paf ! se fit aussitôt croquouzer.
Le loup pénétra ensuite dans l’isba,
Tout en se léchant les doigts.
— Pas mauvais ce petit merdeux !
Mais où sont donc planqués les autres deux ?
Le sadique retourna de suite la baraque,
Vérifia chaque recoin comme un maniaque.
Le blaze plein de poussière, il finit par éternuer.
« À vos souhaits ! » s’exclama alors le cabri teubé
Qui avait barricadé son uk sous la téloche.
Et hop, le loup le goba, la vie est vraiment moche !
Le rageux killer continua nonobstant à fouiner,
Sachant qu’y en avait un troisième à trouver.
Super fumasse de ne pas dégoter ce dernier bout de zan
Le loup décida au final de tartiner les murs avec du sang
Et d’exposer bien en vue la tête de ses victimes,
Histoire de bien chauffer la bique en mode ultime.
Une fois terminé ce carnage,
Le rectifieur repartit pépouze en voyage.
Le cabri survivant sortit de sa cachette,
Se précipitant de refermer la maisonnette,
Puis se prit à pleurer l’équarrissage de ses frérots :
« Le sang répandu crie, et l’on n’écoute pas
Les cris de tant d’innocents qu’on égorge à grands pas. »
J’vous avais prévenu que ce p’tit babtou en avait dans le ciboulot.
Arriva alors sa doche, les bras méga chargés,
La ménagère avait clairement fait cramer sa CB !
Une fois devant la porte, elle flaira le pogrom :
« Magnez-vous le derche d’ouvrir à votre reum !
Je vous apporte un tas de trucs à bouffer :
Du foin, du Coca, des M&M’s et du pâté »,
Dit-elle, le trouillomètre à zéro.
Lui ouvrit son benjamin aussitôt,
Qui lui fit très vite mordre le topo.
Direct, la dabiche s’exclama — Ah le salaud !
Furibarde, je vous préviens,
Elle maudit ce fils de chien,
Jura de l’empaler avec une antenne parabole,
De lui briser menu les knacki balls !
Finalement, elle décida de profiter d’un trou
Creusé non loin de sa bicoque
Et commença à tirer des plans de fou
Pour transformer cette enflure en gonocoque.
Elle fila dans sa cuistance et prépara des tonnes de jaffe
Des choux farcis, de la polenta, de la brioche et du riz pilaf,
Puis remplit la fosse avec des braises et du bois pourri
Pour que le feu se consumât petit à petit,
Camoufla le tout avec une natte en osier et des feuilles,
Fabriqua enfin une chaise en cire et en un clin d’œil.
Elle alla ensuite chercher le loup dans la brousse,
Le dévissa au PMU en train de boire péperlito une mousse.
La MILF à cornes lui dévida alors son chapelet de misères,
La façon dont un saigneur avait bouffé la chair de sa chair.
Le loup, gros mytho, fit celui qui ne savait rien.
La bique l’invita alors à venir se taper un festin
Préparé par elle pour le salut de ses gamins.
Le gros tarba ne sentit pas l’embrouille,
Accepta l’invit’ et suivit la pauvre andouille,
Tout en imbibant de larmes sa limouille,
Alors qu’en vrai, il s’en battait les couilles !
Chemin faisant, il fit même son philosophe relou,
Balança des punch-lines à deux francs six sous
Genre « La vie, c’est un one-shot »,
« Le monde est décidément un vaste chiotte ».
Le gros poucave balança même un de leurs voisins
Un genre Marc Dutroux qu’on appelait Martin
Et qui lui aurait dit un soir
Qu’il aimerait bien serrer un de ses trois têtards.
Les deux arrivèrent enfin à destination.
La dabière en deuil lui dit alors de poser son fion
Sur la chaise qu’elle venait d’incruster
Juste au-dessus du piège enflammé.
— Vas-y, gros ! Fais toi plèze !
Y’a même du foie gras et des merguez !
Le loup se mit à baffrer,
Devint une pure baleine flatulente,
Tant et si bien qu’il finit par dégringoler
Dans l’embûche flamboyante.
Débuta dès lors le gros climax !
Le loup, qui avait déjà le string en feu, hurlait un max,
Suppliait qu’on le sortît de cette fournaise,
Avant de finir en sauce bolognaise.
Mais la chèvre et son fiston lui répliquèrent : « On s’en balèke ! »
Tout en le regardant cuire pareil à un steak.
Ils lui jetèrent même des cailloux à la chetron
Façon méga loi du Talion !
Puis ils balancèrent un jerrican d’essence,
Et là, ce fut la pure incandescence !
Le loup à peine parti en fumée,
Rappliquèrent toutes les commères du quartier,
Et commença alors une teuf en mode no limit,
Genre champagne à flot et gros délires saphiques !
Moi aussi, j’y étais, avant de sauter sur mon bourrin,
Pour venir vous débagouler cette histoire de guedin.
Après quoi, j’ai chevauché une roue,
Pour tout vous balancer en mode chelou.
Et j’ai même enfin grimpé sur une fraise en forme de pouf,
Et j’vous ai pondu, les gars, une grosse mytho de ouf !