Pour aller plus loin (2) : 3 questions à Medeea Marinescu

L’illustre comédienne, qui fait une apparition éclair et néanmoins essentielle dans Du Rififi à Bucarest, a accepté de se prêter au jeu d’une petite interview exclusive. Bonne lecture à vous ! Et un grand merci à elle !

Je tends à cette vaporeuse apparition une main aussi moite qu’empressée tout en balbutiant :

— Bonjour !

— Enchantée, Arthur ! Moi c’est Medeea…

Du Rififi à Bucarest, éd. Ex Æquo, p. 165

Si vous aviez le pouvoir de voyager dans le temps, quels moments de votre vie souhaiteriez-vous revivre ? Et pourquoi ?

Tout d’abord, je voudrais revivre certains moments de mon enfance. Pourquoi ? C’est très simple. Parce qu’en enfance, tout du moins quand on a une enfance heureuse, comme la mienne l’a été, on est insouciant, on ne sait pas ce que c’est que le Mal et on ne peut même pas le comprendre. Parce qu’on a des ailes et qu’on est certain que lorsqu’on sera grand, on conquerra le monde. Mon enfance sur les plateaux de Buftea (le Disneyland de mon enfance), mes après-midi avec les enfants du quartier lorsque nous jouions jusqu’à la tombée de la nuit, et même les soirées où j’attendais le père Noël avec la boule au ventre parce que je savais que j’avais fait des bêtises.

J’aimerais également revivre ces mois merveilleux passés en Provence, lors du tournage de Je vous trouve très beau. Notre campement sur un terrain de golf, le tournage au cœur d’une région absolument magnifique, la rencontre avec Michel, avec Isabelle, avec tous ceux qui m’ont alors fait oublier que les frontières peuvent exister, nos excursions dans les petites villes médiévales des environs le dimanche (tel que le magnifique village Le Poët), les soirées où je regardais les collègues jouer à la pétanque, les films que nous allions voir au cinéma dans la petite ville de Montélimar.

Si vous aviez le pouvoir de vous transformer en quelque chose (un objet, un animal ou même un végétal), que seriez-vous ? Et pourquoi ?

Je pense que je me transformerais en oiseau. Parce que j’aime la liberté et parce que j’aimerais pouvoir planer au-dessus des choses, au-dessus des gens, et ne jamais être obligée de rester au même endroit.

Si vous aviez le pouvoir de changer une chose en Roumanie d’un coup de baguette magique, que changeriez-vous ? Et pourquoi ?

Les trente années qui se sont écoulés depuis la « révolution » roumaine. Trente années de dégringolade et d’opportunisme ! Nous avons réalisé trop tard tout le mal qu’ont fait ceux qui ont accaparé le pouvoir. Et en l’absence d’une véritable force civique (qui a d’ailleurs enfin commencé à exister et à donner de la voix), ils ont fait un mal immense à notre société, en particulier dans le domaine de l’éducation.

***

Întind acestei apariții vaporoase o mână pe cât de umedă pe atât de pripită și bâigui:

– Bună!

– Încântată de cunoștință, Arthur! Eu sunt Medeea…

Du Rififi à Bucarest, éd. Ex Æquo, p. 165

Dacă aţi avea puterea să călătoriţi înapoi în timp, ce aţi vrea să retrăiţi? Și de ce?

Primul meu gând mă poartă spre copilărie. De ce? E simplu. Pentru că în copilărie, cel puţin într-una fericită, așa cum a fost a mea, ești lipsit de griji, nu știi și nu poţi înţelege răutatea și pentru că ai aripi și ești încrezător că atunci când vei fii mare, vei cuceri lumea. Copilăria mea pe platourile de la Buftea (Disneyland-ul copilăriei mele), după amiezele cu copiii din cartier jucându-ne până se lăsa noaptea și serile în care îl așteptam cu nerăbdare și cu teamă (pentru că știam că făcusem prostii) pe Moș Crăciun.

Apoi, mi-ar plăcea să retrăiesc acele luni minunate în Provence, pe când filmam Je vous trouve très beau. Șederea pe un teren de golf, filmările în inima unei regiuni absolut superbe, întâlnirea cu Michel, cu Isabelle, cu toţi cei care m-au făcut să uit că există frontiere, cu duminicile când plecam cu mașina în micutele orașe medievale (ca de exemplu satul Le Poët), cu serile în care îi priveam pe colegi cum joacă « à la pétanque », cu filmele în cinematograful din micuţul orășel Montélimar.

Dacă aţi avea puterea de a vă transforma în ceva (un obiect, un animal sau chiar o plantă), ce aţi fi? Și de ce?

Cred că aș alege să fiu o pasăre. Pentru că iubesc libertatea și pentru că mi-aș dori să pot plana deasupra lucrurilor, deasupra oamenilor știind mereu că nu sunt forţată să ramân ancorată într-un singur loc.

Dacă aţi avea puterea de a schimba ceva în România cu o baghetă magică, ce aţi schimba? Și de ce?

Cei 30 de ani, câţi au trecut de la revolutia română, treizeci de ani de degringoladă si oportunism. Târziu am realizat răul pe care l-au făcut toţi cei care s-au cocoţat la putere, și în lipsa unei forţe civice reale (care acum a început să existe și să fie vocală) au făcut un rău imens societătii, în primul rând în plan educaţional.

Publié par sylvaudetgainar

Sylvain Audet-Găinar est né en 1980 et a fait des études de Lettres à Lyon, à Strasbourg et à Bucarest. Fasciné par la Roumanie, il y a vécu et enseigné le français pendant de longues années. Il a également été le traducteur de plusieurs polars roumains, avant de se lancer aujourd’hui dans l’écriture de ses propres romans.

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